Hakina était arrivée dans cette animalerie avec d'autres de ses congénères. Du moins, pas si longtemps du point de vue humaine. La notion de Temps est différente selon les créatures qui la conçoivent. Pour eux, c'était presque comme si elle s'y était emmenée hier, alors que d'un point de vue "Neïko", cela remontait à des semaines.
Alors Hakina, par cette froide journée d'hiver, attendait, tapie dans cette cage glaciale, les genoux replié autour des genoux, après avoir passé sa petite robe sombre par dessus. Mais cela aurait pu être pire, elle aurait pu ne pas être nourrie, être laissée pour compte. Elle avait toujours été un peu rebelle, mais avait toujours accompli son devoir comme il le fallait, d'où l'indulgence de ses maîtres.
Tapie dans l'ombre, elle observait l'activité de l'animalerie.
*Ce que je suis, je ne puis dire; ce que je suis tu ne peux savoir...*
Cette phrase, si simple par nature, représentait tout ce qu'Hakina avait jamais répété à qui que ce soit d'inconnu. Lorsqu'un jeune humain lui demandait ce qu'elle était exactement, c'était ce qu'elle répondait inlassablement..
En pensant aux humains, elle songea à celui qui l'avait élevée.. Mais également qui l'avait vendue. A cette simple pensée, elle eut l'impression que son coeur se serrait, mais cela ne resta qu'une impression...
Alors qu'elle était là, silencieuse, elle sentit brusquement qu'une créature approchait. Elle ne s'en inquiéta pas... Mais ne s'interrogea pas moins... Elle avait beau être "sans avis", la jeune Neïko n'était pas pour autant incapable de se défendre si le cauchemar recommençait...
"Qui est là?", demanda-t-elle dans l'obscurité qui l'entourait...
